davel91 a écrit:J'ai repris les éléments de Patrick et réalisé un schéma en utilisant son post :
Si cela peut en aider quelques uns de plus à comprendre, car c'est vraiment essentiel pour comprendre la complication des taxinomistes avec le tropheus...
Patrick s'il y a une erreur... Fais moi signe.
Super ton schéma, c'est beaucoup plus clair que tout mon baratin! On ne le dit jamais assez, une bonne illustration vaut mieux que tous les discours.
Je ne vois pas d'erreur, mais on peut apporter des précisions: dans le cas de la spéciation sympatrique (= dans la même patrie, donc au même endroit), ce n'est pas forcément la sélection naturelle qui jouera, mais une sélection sexuelle. On peut imaginer qu'une portion des femelles sont attirées par une particularité de certains mâles, cette particularité étant souvent fortuite et n'ayant pas de rôle direct sur la survie de l'individu. Théoriquement, c'est ce qui peut arriver avec les Cyprichromis, dont les mâles sont polymorphes. Je regrette l'absence d'études sur le sujet, j'ai moi-même émis une hypothèse sur ce polymorphisme, mais elle n'a pas été éprouvée, si ça se trouve, elle est à côté de la plaque. Par contre, j'ai toujours dit qu'il s'agissait de polymorphisme au sein d'une même espèce; alors que Konings, par exemple, soutenait qu'il s'agissait d'espèces distinctes sympatriques. Là-dessus, il s'est trompé par méconnaissance: contrairement à ce qu'il avance souvent pour affirmer qu'il sait mieux que tout le monde, ce n'est pas forcément en milieu naturel qu'on fait les observations les plus déterminantes.
Ceci dit, dans l'absolu, sa théorie n'était pas absurde: si le choix de certaines femelles se portait toujours vers la même morphe de mâles, nous finirions par avoir une spéciation sympatrique basée sur une préférence sexuelle. En réalité, il est étonnant que ce ne soit pas le cas, parce qu'on observe souvent que les mâles d'une même morphe se bagarrent davantage entre eux qu'avec les morphes différentes.
Un autre type de spéciation sympatrique est liée aux niches écologiques: par exemple, beaucoup de lamprologines tendent à être conchylicoles. Les individus les plus petits pourront se réfugier dans les coquilles qui jonchent la zone intermédiaire, tandis que les gros devront rester à l'abri des rochers. La sélection naturelle, dans ce cas, impose une scission, et à force, les écotypes, qui sont d'abord des individus de la même espèce, peuvent devenir potentiellement des espèces à part entière, selon le taux d'hybridation qui persiste entre les deux ensembles.
Ton schéma représente bien ce cas dans la boule du milieu (parmi les 3 du bas). La boule de gauche représente bien le résultat d'une spéciation allopatrique (allo = différent) avec diffusion d'hybrides à la limite des aires de répartition, c'est le cas des Tropheus moorii et des sp. "rouges". Et la boule de droite évoque un cas encore plus compliqué, que je n'ai pas explicité, d'ailleurs, où il y a des strates plus ou moins nettes. C'est le cas notamment des Tropheus de type brichardi de la côte nord-est (brichardi + viridescens + brunneiflavus).
Pour être complet, ton schéma devrait déboucher sur une boule où les deux couleurs ont fusionné en une seule, intermédiaire: par exemple une boule jaune et une boule bleue donnant au final une boule verte. Ça représenterait la dé-spéciation par hybridation. L'autre boule qui manque, c'est dans le cas plus rare où une hybridation donne naissance à une espèce bien différente des deux parents: dans ce cas, il faudrait par exemple une boule rouge pour illustrer le résultat d'une boule jaune et d'une boule bleue.