par biodivmax » 22 Jan 2014, 10:52
Avant la fin de la lignée I, une petite remarque: il est possible que les poissons que nous appelons "Moshi yellow", et que nous considérons comme une variété de Petrochromis ephippium soient d' une espèce distincte. Je m'explique:
-dans la littérature scientifique (et sur fishbase), la taille maximale en LT (longueur totale) de Petrochromis ephippium est donnée pour 18 cm pour un mâle mesuré par Hans Baensch à Halembe dans les années 80. Cela correspond aux poissons gardés pendant des années par un ami, et qui ne sont jamais devenus plus gros.
- Benoît a observé des spécimen de "Moshi yellow" de 30 cm LT le long de la côte des Mahale. Même si ces poissons n'ont pas été mesurés précisément (dis-nous Benoît?), ils mesuraient certainement largement plus de 25 cm, ce qui fait une différence réellement significative!
- les juvéniles de "Moshi yellow" que j'ai eu l'occasion de voir en photo ne me semblent pas avoir le patron de coloration des jeunes ephippium: marron foncé avec des rangées plus ou moins marquées de points jaunes sale. (ceux qui en ont dites-moi)
- le comportement des vrais ephippium de Halembe que j'avais été en mesure d'observer longuement il y a quelques années en aquarium était beaucoup plus proche de celui des trewavasae (poisson territorial mais un peu peureux et pas très agressif pour un Petrochromis) que de celui que vous décrivez au sujet des "Moshi yellow", et qui lui correspond bien à ce que j'avais subi lors de ma propre tentative de maintenance des "Moshi yellow Kekese".
Dans ces conditions, je me demande si nous ne serions pas sur le même type de population que les espèces du groupe polyodon en cours de spéciation Petrochromis sp. "Kazumbe" et Petrochromis sp."blue Kabogo" plus au nord, avec des femelles semblables ou presque, et des mâles semblables jusqu'à l'âge adulte, et qui se démarquent ensuite par leur couleur de frai, avec les ephippium marron plus ou moins doré à selle, et les "Moshi yellow" jaune vif. Comme ces espèces seraient des syngaméons, c'est à dire des espèces distinctes, mais à peine, et capables d'échanger des gènes, certains individus intermédiaires se rencontreraient inévitablement, et expliqueraient la grande diversité chromatique des Petrochromis de type ephippium en une même localité que signale Konings.
Revenons maintenant à nos moutons, et terminons la lignée I par le nœud le plus basal, presque à la base je pense de tous les tropheines, celui qui regroupe les espèces Lobochilotes labiatus et Simochromis diagramma.
Ce sont des espèces adaptées à la vie dans les zones très peu profondes du lac, qui ,pénètrent même dans les rivières environnantes, et ne présentent pas de variation géographique ou presque, car ils arrivent à exister dans tous les types de biotopes du tour du lac, jusqu'à la profondeur maximale par contre de 10 m.
Lobochilotes labiatus est un molluscivore spécialisé, même si ses préférences gustatives vont aux larves d'insectes, qui utilise des lèvres hypertrophiées pour recouvrir les crevasses rocheuses où se cachent ses proies et les gober en les aspirant. Son alimentation est composée de 39% d'insectes, de 24% d'ostracodes, de 22% de crevettes, et de 17% de gastéropodes.
Les sujets de taille différente exploitent des crevasses elles aussi de taille différentes, et maintiennent donc dans le lac des territoires se chevauchant, ce qui permet des densités de population assez ahurissantes pour une espèce territoriale ( 44 individus territoriaux sur une zone de 21 m sur 25 dans une étude scientifique).
Par contre les spécimen de même taille ne se tolèrent pas du tout entre eux, ce qui pose un sérieux problème en captivité, d'autant plus que l'espèce atteint 38 cm de longueur totale ( il faut remarquer que la taille moyenne dans le lac est beaucoup plus basse, avec des individus essentiellement de moins de 15 cm, et d'exceptionnels grands adultes dans les zones les plus profondes de leur biotope, mais c'est une espèce très prisée des pécheurs).
Je ne suis pas certain que qui que ce soit ait reproduit ce poisson en captivité, mais la maintenance solitaire est assez facile, et l'agressivité interspécifique apparemment très faible.
En couple, il faut je pense séparer les sujets adultes avec une grille et ne les mettre en contact que lors du frai proprement dit, où avoir des poissons de taille si différente qu'ils se toléreront, mais "petit poisson deviendra grand et posera problème"!
Simochromis diagramma est lui le prototype rêvé du TTT (tropheine tout terrain), adapté à toutes les zones qui ne peuvent accueillir des espèces plus spécialisées. Il supporte les eaux troubles, les zones polluées, les rivières environnantes jusqu'à plus de 100 km du lac dans certains cas, et se nourrit de tout ce qui peut lui tomber sous la dent, bien qu'étant surtout végétarien.
La taille adulte est de 20 cm maximum, avec de très légères variations de coloration entre les populations du sud et celles du nord (mais comme çà n'est pas une espèce trop colorée çà ne se voit qu'à peine), et une prolificité beaucoup plus importante que celle des poissons des zones rocheuses, avec une cinquantaine d'alevins chez une femelle adulte.
La maintenance en captivité est possible, en couple ou en groupe dans de grands bacs, même si l'espèce est plus agressive qu'un Tropheus, et le nombre d'alevins par ponte devient vite un problème pour le possesseur de ces poissons.
L'ancêtre commun de tous les tropheines devait lui ressembler beaucoup, car il garde toutes les caractéristiques primitives de la tribu.
Voilà, fin de la lignée I, la lignée II après la pause...
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biodivmax le 08 Aoû 2014, 13:18, modifié 1 fois.