Histoire de ne pas polluer le post autour du bac de Cyrille et sous la demande pressante, mais néanmoins sympathique 😜, de PhilB, je vous raconte une histoire qui s'est déroulée il y a (déjà) bien longtemps sous la thématique des espèces colonisatrices du Tanganyika.
L'histoire se situe au tout début des années 2000, temps bénis d'une fishroom où s'imbriquent le plus harmonieusement possible une vingtaine d'aquariums de dimensions et de volumes divers et variés — je n'ai malheureusement pas/plus de photos de l'époque 🙁
Je venais de récupérer, pour trois centimes six sous, un bac de 200x50x50 que j'ai souhaité consacrer à l'observation des comportements particuliers (groupe, hiérarchie, colonisation) des Neolamprologus brichardi.
Je me suis donc procuré trois mâles et trois femelles adultes Nl. brichardi "Fulwe Rocks" — une très belle variété 🤩
J'ai ajouté un couple d'Altolamprologus compressiceps — parce que j'ai toujours adoré ce poisson — et... j'ai attendu 😎
Le décor étant particulièrement enroché, ça n'a pas traîné et j'ai rapidement vu poindre la frimousse rigolote de pas mal d'alevins brichardi. Lesquels ont rapidement grandi.
Dès les premières repros, connaissant la propension des brichardi à se multiplier et même si le but de ce bac était d'observer leur organisation "sociétale", j'ai introduit un petit groupe (5) de Synodontis (ils s'appelaient encore petricola à l'époque) ainsi qu'un jeune couple de Lepidiolamprologus nkambae (il m'a en tout cas été vendu sous cette appellation). Un poisson magnifique, avec sa gueule de tueur 🤩
Le couple d'Alto — ils étaient adultes — s'est installé dans une crevasse rocheuse et n'a jamais trop bougé d'un territoire d'une vingtaine de cm2 autour de cet endroit, se reproduisant de loin en loin. Sur les quatre ans que cet aquarium est resté en eau, seulement trois jeunes ont grandi et se sont établis aux abords immédiats du territoire parental. Trop jeunes sans doute que pour présenter une menace.
Je ne dis pas que les Altos n'ont jamais picoré l'un ou l'autre alevins brichardi mais ce ne sont clairement pas ce que l'on peut appeler des régulateurs 😄
Leurs frais semblaient par contre très au goût de la femelle L. nkambae qui, lors des pontes, faisait de régulières incursions-éclairs aux alentours de la crevasse des Altos.
Après deux semaines très tendues, le couple de L. nkambae s'est finalement établi à l'extrémité droite du bac, sous un amoncellement de pierres plates. Presque six mois se sont écoulés avant la première repro. Pendant ce temps, le couple ne se privait pas de chasser dans le territoire des brichardi, faisant quand même mouche régulièrement.
Evidemment, la présence des nkambae (et dans une moindre mesure des Alto) a limité l'expansion des brichardi mais a aussi, surtout, renforcé la structure "familiale".
C'est lorsque les Lepidio se sont reproduits que j'ai eu le plus de crainte, surtout de voir se développer une nuée de mini-prédateurs ! Et là, clairement, les Synodontis ont fait le job, faisant des razzias en groupe sur les oeufs des pauvres nkambae qui, parfois, ne savaient plus trop où donner du croc !
Et quand certains alevins parvenaient à frétiller de la nageoire et s'aventuraient au-delà du territoire parental, c'était souvent pour la plus grande joie des brichardi 😋
En conclusion, sur les quatre années de vie de ce bac, seuls les Nl brichardi se sont véritablement épanouis, mais pas trop... Une dizaine de générations au-delà des six adultes de départ. Une structure "familiale" bien établie, des interactions intergénérationnelles très intéressantes à observer et une espèce d'une élégance folle dont les ballets, de séduction ou de combats, sont d'une grande beauté.
Les Altos ont vécu leur vie, toujours visibles, sauf la femelle enfoncée dans sa crevasse en période de repro.
Pas de repro (visible) chez les Synodontis mais des "nettoyeurs" bien utiles, notamment pour éviter la colonisation de l'aquarium par les Lepidio.
Et le couple de L. nkambae qui a aussi joué son rôle de (petit) prédateur — pas sûr que c'eut été la même chanson avec des L. elongatus plus grands et agressifs 🤔 — tout en étant une très belle espèce, finalement assez statique, hormis quelques chasses en mode torpille pour piocher les alevins trop téméraires. Sur les quatre ans, six repros et cinq jeunes ont survécus.
Si il n'était pas des plus coloré et finalement peuplé d'espèces assez "classiques", ce bac fut néanmoins très intéressant à observer 😃