Page 1 sur 1

Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 09:01
par Rudy P.
Histoire de ne pas polluer le post autour du bac de Cyrille et sous la demande pressante, mais néanmoins sympathique 😜, de PhilB, je vous raconte une histoire qui s'est déroulée il y a (déjà) bien longtemps sous la thématique des espèces colonisatrices du Tanganyika.

L'histoire se situe au tout début des années 2000, temps bénis d'une fishroom où s'imbriquent le plus harmonieusement possible une vingtaine d'aquariums de dimensions et de volumes divers et variés — je n'ai malheureusement pas/plus de photos de l'époque 🙁

Je venais de récupérer, pour trois centimes six sous, un bac de 200x50x50 que j'ai souhaité consacrer à l'observation des comportements particuliers (groupe, hiérarchie, colonisation) des Neolamprologus brichardi.

Je me suis donc procuré trois mâles et trois femelles adultes Nl. brichardi "Fulwe Rocks" — une très belle variété 🤩

Image

J'ai ajouté un couple d'Altolamprologus compressiceps — parce que j'ai toujours adoré ce poisson — et... j'ai attendu 😎
Le décor étant particulièrement enroché, ça n'a pas traîné et j'ai rapidement vu poindre la frimousse rigolote de pas mal d'alevins brichardi. Lesquels ont rapidement grandi.

Dès les premières repros, connaissant la propension des brichardi à se multiplier et même si le but de ce bac était d'observer leur organisation "sociétale", j'ai introduit un petit groupe (5) de Synodontis (ils s'appelaient encore petricola à l'époque) ainsi qu'un jeune couple de Lepidiolamprologus nkambae (il m'a en tout cas été vendu sous cette appellation). Un poisson magnifique, avec sa gueule de tueur 🤩

Le couple d'Alto — ils étaient adultes — s'est installé dans une crevasse rocheuse et n'a jamais trop bougé d'un territoire d'une vingtaine de cm2 autour de cet endroit, se reproduisant de loin en loin. Sur les quatre ans que cet aquarium est resté en eau, seulement trois jeunes ont grandi et se sont établis aux abords immédiats du territoire parental. Trop jeunes sans doute que pour présenter une menace.
Je ne dis pas que les Altos n'ont jamais picoré l'un ou l'autre alevins brichardi mais ce ne sont clairement pas ce que l'on peut appeler des régulateurs 😄
Leurs frais semblaient par contre très au goût de la femelle L. nkambae qui, lors des pontes, faisait de régulières incursions-éclairs aux alentours de la crevasse des Altos.

Après deux semaines très tendues, le couple de L. nkambae s'est finalement établi à l'extrémité droite du bac, sous un amoncellement de pierres plates. Presque six mois se sont écoulés avant la première repro. Pendant ce temps, le couple ne se privait pas de chasser dans le territoire des brichardi, faisant quand même mouche régulièrement.
Evidemment, la présence des nkambae (et dans une moindre mesure des Alto) a limité l'expansion des brichardi mais a aussi, surtout, renforcé la structure "familiale".

C'est lorsque les Lepidio se sont reproduits que j'ai eu le plus de crainte, surtout de voir se développer une nuée de mini-prédateurs ! Et là, clairement, les Synodontis ont fait le job, faisant des razzias en groupe sur les oeufs des pauvres nkambae qui, parfois, ne savaient plus trop où donner du croc !
Et quand certains alevins parvenaient à frétiller de la nageoire et s'aventuraient au-delà du territoire parental, c'était souvent pour la plus grande joie des brichardi 😋

En conclusion, sur les quatre années de vie de ce bac, seuls les Nl brichardi se sont véritablement épanouis, mais pas trop... Une dizaine de générations au-delà des six adultes de départ. Une structure "familiale" bien établie, des interactions intergénérationnelles très intéressantes à observer et une espèce d'une élégance folle dont les ballets, de séduction ou de combats, sont d'une grande beauté.

Les Altos ont vécu leur vie, toujours visibles, sauf la femelle enfoncée dans sa crevasse en période de repro.
Pas de repro (visible) chez les Synodontis mais des "nettoyeurs" bien utiles, notamment pour éviter la colonisation de l'aquarium par les Lepidio.

Et le couple de L. nkambae qui a aussi joué son rôle de (petit) prédateur — pas sûr que c'eut été la même chanson avec des L. elongatus plus grands et agressifs 🤔 — tout en étant une très belle espèce, finalement assez statique, hormis quelques chasses en mode torpille pour piocher les alevins trop téméraires. Sur les quatre ans, six repros et cinq jeunes ont survécus.

Si il n'était pas des plus coloré et finalement peuplé d'espèces assez "classiques", ce bac fut néanmoins très intéressant à observer 😃

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 10:20
par philB
Merci Rudy :D
Oui je peux être très insistant lol...mais tellement sympathique 😂
Super ta réponse détaillée merci 🙏

Donc les brichardi on pu prospérer mais pas trop ...
Les nkambae mangeaient selon toi jusqu à quelle taille ?
Et est ce que ton bac ressemblait à ça ?
Pour info colonie de 2/3 ans ( 2 petites chez phildulac il me corrigera si je me trompe et une chez moi ) .
Et justement la multitude des poissons ne permettait plus vraiment à la structure coloniale d apparaître selon moi :)
Image

Là je compte 40 adultes subadultes juvéniles...il y en avait deux fois plus ...sans compter les alevins sur au moins deux nids :shock:

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 15:28
par Rudy P.
philB a écrit:Donc les brichardi on pu prospérer mais pas trop ...
Les nkambae mangeaient selon toi jusqu à quelle taille ?
Et est ce que ton bac ressemblait à ça ?
Là je compte 40 adultes subadultes juvéniles...il y en avait deux fois plus ...sans compter les alevins sur au moins deux nids :shock:


Pour autant que je puisse m'en souvenir avec une certaine précision et quelques notes retrouvées, après quatre ans de maintenance, il y avait une soixantaine d'individus, dont seize adultes (7M et 9F). Parmi les juvéniles et les subadultes, ce sont ces-derniers qui étaient les plus nombreux.

Le décor était très rocheux, jusqu'à la surface sur toute la vitre de fond et en trois "avancées" ménageant ainsi trois zones.
A gauche, où les Altos avaient élu domicile : peu d'adultes mais pas mal de subadultes. A droite, territoire des L. nkambae : quasi personne 😇 La structure familiale des brichardi était donc essentiellement concentrée au centre, débordant toutefois de part et d'autre.
Et, malgré le nombre quand même important d'individus, on observait bien la structure en cercles concentriques en fonction des différentes tailles.

Quant aux L. nkambae, ils chassaient essentiellement les petits les plus téméraires (max 1cm). Ce qui explique sans doute le nombre moins important d'alevins.

Voilà, voilà...

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 18:28
par cycykewl
Intéressant !
Merci du partage.

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 19:31
par philB
Oui merci :)

4 ans c est déjà une durée. Tous les poissons étant adultes
Figure toi que en des années ici c est la première fois que quelqu un fournit une piste réellement expérimentée a cette cohabitation .
On en a pourtant souvent discuté ici

En revanche 2m de long me paraissent vraiment un minimum !
Reste à savoir ce que ça donnerait avec des Tropheus à la place des altos...même si ça n est en rien comparable
Je vais regarder ce que l on disait sur l Agora " spécial cohabitations " 8)

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 01 Aoû 2022, 19:37
par philB
Sur ce coup là vérification faite tu semblerais aller dans le sens de Coco ...même si d autres ont eu des expériences moins agréables qui ont été relatées .

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 02 Aoû 2022, 08:50
par Petro91
Je ne peux pas dire que la cohabitation Tropheus/Brichardi soit du style prédateurs, mais je dois constater que depuis mon souci avec les Murago, les Brichardi se sont mis à exploser.
Mon groupe est passé de 40/50 Murago à 6. La pression Tropheus exercée sur les Brichardi était telle que seuls les adultes sortaient, quasiment pas les petits, encore moins les bébés. On voyait nettement qu'il s'agissait d'un bac de Tropheus.
Aujourd'hui c'est l'inverse. Les Tropheus se baladent, certes, mais les Brichardi sont à la parade et colonisent le bac à 100%. Y compris les bébés qui montent jusqu'à la surface pour bouffer .... du jamais vu.

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 03 Aoû 2022, 08:29
par philB
Très intéressant en effet :)
Si les murago " reprennent le dessus" a voir si on reviendra à la situation initiale .

Il est dommage que les teignes lepidios risquent de rendre les Tropheus moins sereins parce que sinon en bac de belle taille on aurait la un trio d espèces qui s équilibrerait bien .

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 03 Aoû 2022, 17:24
par Rudy P.
En ce qui me concerne, lors de cette « expérience », je dois avouer que je n’ai même pas imaginé introduire des Tropheus.
Je n’avais juste pas envie de me casser la tête quant aux régimes alimentaires différents 🤪

Au-delà de ça, Brichardi + Lepidio + Tropheus, je n’ai absolument aucune idée de ce que ça peut donner 🤔

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 03 Aoû 2022, 19:16
par philB
Concernant les régimes alimentaires c est plutôt un faux problème ....les " carnivores s adaptent au régime " végétal" qui ne l est jamais complètement ...le contraire non.
J ai un superbe Alto gold( sans doute de la souche de Jean Michel ) qui a presque toujours été avec des Brouteurs...il est superbe

En revanche le trio d espèces mentionné...ça 😲😐 :?:
Peut être dans un grand bac d au moins 3 m

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 04 Aoû 2022, 09:00
par Petro91
Rudy P. a écrit:Je n’avais juste pas envie de me casser la tête quant aux régimes alimentaires différents 🤪
Moi non plus et c'est aussi pour cette raison que j'en suis resté aux seaux de bouffes vertes, paillettes, boulettes .... autres, pour poissons dits herbivores.
Même les Cypho sont au vert. Ils mesurent 38cm aujourd'hui (pour les plus gros et sont nés ici) pondent et vivent heureux, enfin à priori.
Bon, à la saison des p'tites crevettes, ils ont droit à une poignée de têtes et ils adorent. Les Petro et Tropheus en grignotent un peu mais sans souci, eux préfèrent les paillettes. :wink:

Re: Cohabitation entre espèce colonisatrice et prédateur

MessagePosté: 04 Aoû 2022, 09:01
par philB
Qui pourrait donner des vécus concernant cohabitations Lepidios comme précités avec des Tropheus ? 🤔