par biodivmax » 16 Mai 2019, 15:15
Je trouve que ce type de discussion est très sain, et permet en plus de mener la réflexion très loin:
il n'est pas surprenant que les éleveurs allemands aient des a-priori contre un antibiotique, car d'un point de vue sociétal les allemands n'ont pas du tout les mêmes comportements que nous au sujet des antibiotiques, et en utilisent infiniment moins (nous on en utilise sans aucun doute trop, et eux pas assez en fait, mais c'est un débat compliqué et qui sort du sujet). Donc effectivement il est logique qui'ls cherchent d'autres solutions. Après, et là où le bat blesse, ils se font avoir par une société qui leur vend un produit le "bactopur direct", sans leur dire que c'est aussi un antibiotique, et en le dosant de telle façon qu'il soit commercialisable sans ordonnance (ce que n'est pas le metronidazole). C'est malhonnète, et en plus çà risque de créer des résistances car le dosage est trop faible (en plus de ne probablement pas très bien fonctionner).
Ça me fait penser à une autre société bien connue, qui vient de commercialiser en jardinerie un nouveau "round up" (si si vous pouvez vérifier), en signalant qu'il s'agit d'une nouvelle formule meilleure pour la nature. Certes, mais c'est aussi et surtout du foutage de gueule, car leur nouvelle formule c'est de l'acide acétique à 6%, et à 12 euro le litre, çà fait cher pour du vinaigre blanc, un peu dilué en plus, car celui du commerce fait entre 7 et 8% selon les marques, et vaut dans les 1 euro le litre!
Donc prudence dans tout ce que l'on entend, voit, et lit, car "la vérité est ailleurs"!
Pour en revenir à la toxicité éventuelle du metronidazole, une discussion que j'ai en parallèle avec Gérard m'a fait venir à l'esprit un élément que j'ai déjà signalé, mais pas assez développé: le problème est que l'on ne maîtrise pas l'élimination de la molécule dans l'aquarium, ce qui fait que le poisson subit plusieurs cycles d'absorption/excrétion/réabsoption de la molécule et de ses métabolites avant qu'elle ne soit complètement évacuée du bac, par des changements d'eau ou une filtration chimique sur charbon activé. Rien ne nous interdit de poser l'hypothèse que l'un des métabolites pourrait avoir un effet sur la fécondité de nos poissons, puisque nul n'a étudié le sujet.
Le principe de précaution voudrait donc que le traitement soit effectué dans un bac hôpital isolé, où le poisson à traiter n'est laissé que le temps de l’absorption du médicament, puis remis dans de l'eau propre sans substances chimiques, eau elle même filtrée sur charbon pour éliminer les inévitables métabolites excrétés ensuite par le poisson.
Un protocole sécurisé pourrait donc être de réaliser un bain prophylactique dans une solution à 1 gramme de métronidazole pour 100 litres d'eau, pendant une heure ou deux, aux poissons avant leur introduction dans la cuve définitive, pour éviter l'introduction du métronidazole dans celle ci.
Pour avoir détruit tout l'équilibre d'un bac récifal ( et tous les êtres vivants qui s'y trouvaient par ricochet) il y a quelques années en soignant des poissons marins à la nivaquine (le "vade mecum vétérinaire" signalait cette procédure comme peu risquée mais il y avait une erreur d'un facteur 10 dans le dosage proposé), je peux témoigner qu'il est mieux d'éviter quand on peut les solutions chimiques, et de privilégier la prévention.
Comme quoi tout est à prendre avec du recul!